Pendant longtemps j'ai cherché une maquette, qui comme les Legos, ne nécessite pas de colle ou de peinture, parce que si j'adore construire des trucs, mes grosses paluches ne sont pas du même avis et je préfère donc éviter les activités demandant de la minutie et où il est difficile de revenir en arrière. Après de longues recherches, j'ai enfin trouvé ce que je cherchais, enfin c'est ce que je croyais, mais on y reviendra plus tard.
J'ai donc l'honneur de vous présenter une maquette à l'échelle 1:3 du moteur de la Porsche Carrera de course créée par l'éditeur allemand Franzis. Je vais donc vous proposer une review du montage et en profiter pour détailler le fonctionnement de ce moteur.
Avant de commencer, sachez que cet article représente ma propre opinion et pas celle du groupe Lego. Je ne comprends pas le sens de cette phrase mais d'autres reviewers l'utilisent donc je fais pareil.
Questions et réponses:
-Je l'ai acheté sur le site franzis.de
-Vous pouvez également l'acheter sur ce même site à condition de toucher un peu en langue allemande.
-Je ne ferais pas review du modèle B parce que de toute façon il n'y en a pas. Et même chez Lego ça se fait de moins en moins.
La boîte et déboitage
La boîte est un parallélépipède rectangle. Je n'ai pas mesuré les dimensions et le poids parce que de toute façon la boîte part à la poubelle...euh pardon au recyclage et que le carton dans lequel elle est livrée est dix fois trop grand.
Pour les dimensions du moteur fini. Comment voulez-vous que je mesure précisément avec des formes aussi complexes?
La boîte est en deux parties donc avant de la trimballer n'importe où, faîtes bien attention à ce que les scotchs soient bien en place et surtout laissez la partie inférieure pas trop loin d'une table lors de l'ouverture.
Point positif, une fois qu'on a passé la peur de commander sur un site allemand, la suite est beaucoup plus simple parce que absolument tout est traduit en anglais, même la boîte.
Concernant la notice de montage, elle est longue de 112 pages, une partie étant réservée à l'histoire de ce moteur et des voitures dans lequel il a été intégré et l'autre au montage de la maquette.
Je ne comprends pas pourquoi la partie historique est sur papier glacé et colorisé et la partie montage sur du papier recyclé dégueulasse et en noir et blanc. Heureusement, cela ne nuit pas à la lisibilité des instructions, tout est bien détaillé.
Les amateur de Lego se demanderont comment différencier les pièces de couleur dark bluish gray des pièces noires. Ce n'est pas nécessaire, toutes les pièces sont numérotées et il est pratiquement impossible de se tromper.
Enfin si vous voulez étoffer votre dictionnaire d'insultes, ce manuel recèle de trésors tels que "Nockenwellenantriebsräder" ou "Kurbelwellengehäusehalterung".
Liste de pièces
Le moteur comprend environ 300 pièces. La plupart sont livrées sur des cadres donc fait attention quand vous tentez de séparer les pièces de leur cadre et d'enlever les bavures avec un cutter. Moi j'y ai laissé quelques doigts. Au moins, on a peu de chance d'avoir ce souci avec des Lego.
Et puis, au hasard des différents sachets, on trouve un truc qui ferait tomber les fans de Lego en syncope: des vis! Et auto-taraudeuses en plus! Alors j'ai dit que je ne voulais pas de colle et de peinture pour pouvoir revenir en arrière mais il faut pas trop non plus forcer sur le dévissage et revissage.
D'un autre côté, je ne vois pas d'autres solutions pour visser dans du plastique.
Construisons-le
Rassurez-vous, je ne vais pas détailler étape par étape, du genre "on insère la pièce 1 dans la pièce 2 et on fixe le tout avec une vis", c'est juste un prétexte pour montrer le principe de fonctionnement de ce moteur. J'ai déjà un peu parlé des moteur dans l'article précédent mais cette maquette est l'opportunité idéale de rentrer plus dans les détails comme le cutter est rentré dans mes doigts :-(
On construit d'abord les quatre pistons, on remarque que les têtes de pistons sont usinés à leur base pour éviter d'entre en collision avec le vilebrequin. Vu la vitesse de rotation c'est préférable.
On monte ensuite les quatre pistons sur le vilebrequin. Il s'agit d'un vilebrequin de Hirth. D'après la notice, le vrai vilebrequin est constitué de 11 pièces qui sont vissées ensemble. Sur ma maquette, je n'en compte que 6, peut-être que la taille ne permettait pas de reproduire fidèlement toutes les pièces. Pour fixer toutes ces pièces, en plus des vis, chaque extrémité de pièce présente des dentures qui vient s'imbriquer dans les dentures de la pièce suivante. De même vu la taille de la maquette, ce système est remplacé par des méplats.
Il est temps de fixer les cylindres sur le boitier qui va accueillir le vilebrequin et là on remarque qu'ils n'ont pas du tout le même aspect. Si il y'a des ailettes autour des cylindres, c'est pour augmenter la surface d'échange entre l'intérieur et l'extérieur des cylindres et ainsi évacuer plus de chaleur.
Le mouvement du vilebrequin va entraîner la rotation des roues mais pas que. Il va aussi servir à activer des fonctions annexes. Voilà pourquoi, il y'a une série de pignons, droits et coniques, qui sont liés au vilebrequin. Je ne connaissais pas ce genre de système, généralement l'ensemble des fonctions annexes est alimenté par une courroie. Vu les composants utilisés, ce genre de système doit être plus cher.
Ca a beau être une maquette largement plus détaillée qu'un moteur Lego mais toujours pas de carburant à l'horizon. C'est un moteur électrique qui entraîne le grand pignon.
Il y'a un certain nombre de détails sur cette maquette qui montrent qu'elle est très fidèle au moteur original. C'est le cas des joints de culasse. Sur la maquette, ils n'apportent absolument rien en terme de fonction et ils sont à peine visibles une fois la maquette terminée mais ils sont là. Et le choix de la matière n'est pas déconnant parce que certains joints de culasse sont effectivement en papier. Certes ce n'est pas le même papier que l'on met dans l'imprimante mais quand même.
Même si ce moteur est destiné à un usage sportif, il n'y a que deux soupapes par cylindre. Une pour introduire le mélange carburant/air dans le cylindre qui sera ensuite enflammé lors de la montée du piston et une pour évacuer les gaz qui résulte de l'explosion. Pour éviter que les soupapes restent constamment ouvertes, elles sont montées sur ressort et sont un minimum guidées.
Très vite, on commence à avoir quelque chose qui ressemble à un moteur. Avec les ailettes, on voit très bien les zones qui ont besoin d'être refroidies et les autres où on s'en balec.
Pour que le moteur fonctionne normalement, il vaut mieux que le mélange air/carburant soit injecté au bon moment. Donc si c'est la soupape de sortie qui s'ouvre au moment où on veut créer une explosion, ça ne va pas très bien marcher. C'est pour ça qu'on utilise des repères pour déterminer la position des différents éléments à un instant donné. Si ils sont tous bien alignés, le moteur va fonctionner parfaitement. C'est pourquoi, il faut placer lors du montage cette petite clé bleue. Elle permettra de bloquer le vilebrequin et les pistons dans une unique position jusqu'à la fin du montage.
Pour actionner les soupapes au bon moment, point besoin de vérins ou de servomoteurs, d'ailleurs je ne sais pas si cela existait déjà lors de la conception de ce moteur. Tout est géré par un système de cames et de culbuteurs. Comme je l'ai déjà dit avant il faut que tout soit parfaitement aligné et c'est possible grâce au support bleu qui va orienter correctement les cames par rapport à la position des pistons. Par contre il est possible d'inverser les deux arbres à cames de la photo, pour la maquette ce n'est pas problématique mais en vrai, il ne faudra pas trop en attendre du moteur. un détrompeur aurait été ici intéressant. Pas bien Franzis!
Il était difficile de le prendre entre photo mais on voit au niveau de l'arbre à cames du bas un pignon conique qui est directement lié au vilebrequin et qui va permettre la rotation des deux arbres à cames.
Une fois qu'on a mis les couvre-culasses en place, il est temps de fixer les débuts du système d'échappement. J'ai souvent vu ces brides en forme de losange sur le système d'échappement mais je ne sais pas pourquoi c'est ce système de fixation qui est utilisé. Si un expert en échappement passait par ici et pouvait m'expliquer le comment du pourquoi, je lui en serais très reconnaissant.
A l'opposé de l'échappement, que ce soit sur le moteur ou dans l'ordre des opérations, on trouve les carburateurs. Ce sont eux qui vont réaliser le mélange entre air et carburant. Lorsqu'on accélère, on ouvre simplement une valve qui va injecter davantage de mélange dans les cylindres. Ce système n'est hélas pas représenté sur cette maquette. Pour des raisons de rendement, les carburateurs ne sont plus utilisés de nos jours. Ils sont remplacés par l'injection électronique. Pour un fan de mécanique comme moi, c'est un peu moins sexy.
A ce moment de la construction, le moteur change totalement de forme puisqu'on lui rajoute l'imposant boîtier du ventilateur. L'objectif de ce ventilateur est d'évacuer l'air chaud en contact avec les pièces du moteur et le remplacer par de l'air plus frais pour éviter la surchauffe.
On monte ensuite les têtes d'allumage qui sont liées aux arbres à cames qui commandent l'ouverture des soupapes d'admission par un méplat. Attention, ce n'est pas le mouvement de rotation des arbres qui génère l'électricité nécessaire au fonctionnement de cette pièce. La liaison entre ces pièces sert uniquement à la synchronisation.
Et donc ces têtes d'allumage vont enclencher l'allumage des bougies en synchronisation avec le mouvement des pistons car vous pouvez comprimez aussi fort que possible le mélange air/essence dans le cylindre, il ne se passera rien. Il faut une petite étincelle pour provoquer une explosion et c'est ça le rôle des bougies d'allumage. Pour les moteurs Diesel, pas besoin de bougies, le mélange s'enflamme en étant comprimé.
Même si ça n'empêche pas le fonctionnement de la maquette, dans la réalité, il faut bien faire attention à insérer chaque bougie dans le bon cylindre.
On sent que la fin approche lorsqu'on met en place le volant moteur qui va faire le lien avec l'embrayage et la boîte de vitesses. Ca à la forme d'un gros pignon parce que c'est à cet endroit que le démarreur est en contact avec le moteur. En faisant tourner le moteur, il va initier les premières explosions. par la suite c'est la forme si particulière du vilebrequin qui va entretenir la dynamique.
On voit nettement les points de fixation de la boîte de vitesses. Est-ce que Franzis nous prépare une maquette de boîte de vitesses? Ce serait génial!
Dernier composant à relier au moteur: le ventilateur. Parce que ce serait idiot de mettre en place un deuxième moteur alors qu'on peut tirer un peu de couple du moteur principal. Pour la transmission: une simple courroie crantée. Par contre utiliser ça avec des roues complètement lisses? Euh...comment dire...
Autre bizarrerie. Pourquoi l'axe du ventilateur est-il légèrement décalé par rapport à l'axe du moteur?
Initialement prévu pour des voitures de sport, ce modèle de moteur a aussi été adapté à des véhicules de série. Mais non sans modifications. Prenez le pot d'échappement, sur une voiture de sport, il a pour fonction...d'être un pot d'échappement. Pour une voiture de série, il faut aussi qu'il réduise le bruit des gaz d'échappement. C'est pourquoi la maquette inclut deux types de sorties d'échappement. Celle de droite pour la course, celle de gauche pour la ville avec cet espèce de réservoir qui fait office de silencieux.
Il ne reste plus beaucoup de pièces et vous vous dites qu'il n'y a pas d'autocollants à poser et puis vous vous apercevez que deux autocollants sont cachés dans le sachet du socle. Vous êtes des filous chez Franzis!
Dernière étape, on clipse les filtres à air sur les carburateurs. Parce que c'est déjà difficile de faire fonctionner un moteur comme ça alors je vous dis pas si il faut ajouter de la poussière ou des moucherons au mélange air/essence
A la fin, il ne reste plus que quelques vis et ressorts comme pièces de rechange, c'est rassurant.
Fonction
On appuie sur le bouton et c'est parti!
Impressions
Je n'ai pas de cochon d'Inde pour effectuer le test qualité alors je fais appel à ma souris.
J'ai été impressionné par le niveau de détails de la maquette, du pot d'échappement aux carburateurs et en passant par les joints de culasse tout y est. Après vu la taille la bête et l'utilisation majoritaire du plastique, il y'a eu quelques raccourcis de pris. Notamment au niveau des systèmes d'accouplement qui sont tous à base de méplats. Ca fait le job sur la maquette mais en vrai, il faut des trucs un peu plus costauds.
Un autre point positif est qu'il n'y a qu'une seule référence de vis sur toute la maquette donc ça évite les confusions.
Niveau durée de montage, j'ai complété tout cela en 8 heures ce qui est équivalent à un Lego Technic de même prix.
Note final
Si cette maquette était une carte:
+10 pour le réalisme
+100000 pour voir le fonctionnement d'un moteur
-1000 pour les coups de cutter dans les doigts
-10 pour mais elle est où la boîte de vitesses?
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