Tout est dans le titre, Phantasialand est un parc complètement fou!
Attention, à ne pas inverser le s et le i parce que Phantasialand ce n'est pas de la foutaise.
Situé pas très loin de Cologne, le parc a été construit dans une ancienne mine de lignite à ciel ouvert. Cette mine était aussi probablement un cimetière indien parce que l'emplacement pose pas mal de problèmes au parc. D'un côté, des habitations très proches où on apprécie guère d'entendre les jeunes demoiselles hurler de plaisir à longueur de journée et de l'autre un espace extrêmement restreint.
En attente d'une hypothétique extension de l'autre côté de la route d'accès au parc, Phantasialand n'a pas le choix que d'optimiser le peu d'espace disponible.
Pour cela, on ne fait pas les choses à moitié à Phantasialand: on rase les attractions vieillottes qui prennent trop de place, on creuse, on pose un gros sac de nœuds et on bétonne à tout va si bien qu'il est difficile de reconnaître où étaient placées les anciennes attractions.
Il en résulte une sorte de Monaco des parcs d'attractions puisque tout est entassé et où les solutions ne manquent pas pour que les habitants de Brühl puissent récupérer beaucoup d'impôts tout en pouvant profiter de leurs jardins.
Pour commencer, je vais présenter les attractions autres que les grands huit, puis les huit grands huit parce que c'est grâce à eux qu'on se rend compte de la façon dont le parc a dû s'adapter aux contraintes de son emplacement.
Mystery Castle (Mystery-1998-Intamin)
Je parlais déjà de cette attraction aux premières heures de ce blog et du coup j'ai réutilisé la même photo. Si vous avez bien suivi à l'époque, vous savez qu'il s'agit d'une tour de chute libre, l'une des rares à être en intérieur. Côté nuisances sonores, il n'y a pas mieux, par contre c'est au niveau visuel que ça se gâte.
Etant donné que la chute se fait en grande partie dans le noir et que toute la mécanique est cachée dans la structure de la tour, il est difficile de décrire son fonctionnement. Néanmoins après quelques recherches sur le Net, il s'avère que les six nacelles sont propulsées par de l'air comprimé ce qui permet d'être accéléré vers le haut ou vers le bas. Par contre, vu que le système utilise quand même des câbles, il n'est pas possible d'avoir une chute libre totale. On lui en voudra pas parce que cette tour joue plus sur l'ambiance que sur les sensations pures.
River Quest (Mystery-1998-Hafema)
J'ai peut-être oublié le chemin pour se rendre à Tripsdrill mais je n'ai pas oublié que j'ai évoqué dans l'article sur Tripsdrill l'an dernier une attraction de Hafema qui était complètement folle. Et bien c'est celle-ci.
Généralement les descentes en bouées sont des attractions qui occupent une surface au sol importante. Mais ici on est à Phantasialand donc la surface au sol manque cruellement. La solution est donc de construire en hauteur et sur plusieurs niveaux.
Au programme, on a donc un double ascenseur pour optimiser le débit et trois descentes de onze, sept et trois mètres. Certains grands huit ne peuvent même pas se vanter d'avoir des descentes aussi hautes !
Il ne faut pas oublier le tourbillon qui est un peu plus stimulant que celui de Tripsdrill même si je suis un peu réservé sur l'utilisation de caillebotis placés en escalier le long du tourbillon. Il doit exister mieux en terme de confort et d'usure du fond de la bouée.
A la base, la dernière descente était composée d'une bascule mais l'organisme de certification a considéré que c'était trop dangereux car les bouées n'avaient pas de barres de sécurité et que les visiteurs pouvaient se blesser. La bascule est restée en place et est toujours visible aujourd'hui. Pour travailler quotidiennement avec des réglementations machines, il est peu probable que la réglementation s'assouplisse et que l'organisme de certification change d'avis et rétablisse le système.
Pour la petite histoire, cette attraction remplace deux grands huit qui ont été détruits. Mais ce n'est pas une volonté de la part du parc puisqu'ils ont été détruits dans un énorme incendie. Une attraction aquatique qui remplace deux attractions qui ont brulé, c'est un joli pied de nez au destin non?
Feng Ju Palace (China Town-2002-Vekoma)
Le principe est le même que la Malédiction de Cassandre à Europa-Park sauf que la grandeur de la salle et le manque de décorations font qu'on y croit pas du tout. Bref c'est pas cool.
Geister Rikscha (China Town-1981-Schwarzkopf)
C'est sûr que c'est pas sur une attraction vieille de quarante ans qu'on va trouver des trucs à la pointe de la technologie. Par contre, on peut y voir les prémices de la façon donc Phantasialand s'est adapté à son terrain puisqu'une grosse partie de l'attraction se situe en sous-sol.
Cette configuration empêche probablement de modifier l'étrange disposition des wagons puisque ceux-ci sont constitués de rangée de trois places. Je ne suis pas sûr que ce soit la solution optimale pour le débit. Bon vu que c'est une attraction vieillotte et que l'entrée est difficile à trouver, ce n'est pas trop gênant. Mais j'ai du mal à comprendre pourquoi cette disposition a été mise en place sur plusieurs attractions des Walt Disney Studios...
Chiapas (Mexico-2014-Intamin)
Si River Quest a remplacé le feu par l'eau, Chiapas a remplacé l'eau...par l'eau et ici c'est totalement volontaire. Alors on peut se demander si c'est vraiment le manque de place ou les nuisances sonores qui ont poussé le parc à remplacer deux descentes en bûches par une seule. Je dirais plutôt que c'était l'occasion de se débarrasser de deux attractions vieillottes et profiter des dernières avancées en terme de descente en bûches.
Alors en quoi c'est complètement nouveau? Comme à Tripsdrill ou Holiday Park, il y'a un passage en marche arrière mais les façons de faire pivoter l'embarcation sont nouvelles. Pour passer de la marche avant à la marche arrière, là où les créations de Mack utilisent une plate-forme tournante où le point de pivot est situé au milieu de l'embarcation, ici il est situé devant. Pour le retour en marche avant, il n'y a même plus de plate-forme tournante, il s'agit d'une table de transfert. Cela permet donc d'avoir la voie d'entrée et de sortie de la table parallèles ce qui est impossible à faire avec une plate-forme tournante.
Avec ces deux systèmes, on peut économiser pas mal de place. Les mouvements sont aussi plus rapides que sur l'ancienne technologie mais je ne sais pas si c'est la conception qui permet cela ou l'utilisation de moteurs plus puissants.
Les changements d'orientation des embarcations c'est sympa, mais on va sur des parcours de bûches pour prendre des descentes et se faire mouiller. Ca tombe bien, Chiapas propose de belles descentes dont la dernière est la plus pentue au monde pour ce type d'attractions. Pour négocier une pente aussi inclinée, il a fallu revoir son design qui se rapproche assez de ce qu'on peut voir sur les grands huit puisque l'embarcation est guidée par de vrais rails.
Il n'y a pas que les rails qui permettent de dévaler ces grosses descentes, il y'a aussi les barres de sécurité et ça tombe bien qu'il y'ait des rails, cela permet de mieux centrer les embarcations qu'un tapis roulant et donc d'alimenter correctement le système d'ouverture et de fermeture des barres.
Petit bémol quand même sur un point. Parce que à part un gonze et son aspirateur qui aspire l'eau dans les embarcations en gare tous les deux-trois tours, il n'y aucun système d'évacuation d'eau ce qui fait qu'on se retrouve avec plusieurs centimètres d'eau dans les embarcations. Alors ça ne me dérange pas d'être mouillé, tant que mes godasses restent sèches, ce qui n'est pas le cas ici.
Talocan (Mexico-2007-Huss Rides)
Est-ce que Phantasialand a poussé tellement loin le concept d'optimisation de l'espace qu'une attraction peut servir à la fois de spectacle? Ce n'est pas impossible quand on compare le nombre de courageux qui montent sur l'attraction à ceux qui restent sagement devant à regarder le spectacle pyrotechnique et aquatique intimement lié à l'attraction.
Virez toute la déco et vous obtiendrez le genre de machine à gerbe que l'on peut trouver sur pas mal de fêtes foraines qui sentent bon le graillon. Comme quoi, il n'est pas nécessaire d'engager des sommes considérables de recherche et développement pour proposer des attractions qui attirent du monde...sur la nacelle ou devant l'attraction.
Hotel Tartüff (Alt Berlin-2012-Hofmann)
Encore une attraction pour laquelle Phatasialand s'est inspiré des fêtes foraines avec cette interprétation du palais du rire sauf que ici ce n'est pas un palais mais un hôtel. Exit donc les néons et les couleurs criardes, on traverse ici, une buanderie, une salle de bain...
Mais si vous n'avez pas envie de finir les quatre fers en l'air sur un obstacle, il est toujours possible de prendre un raccourci un peu plus praticable et il n'y a pas de honte à avoir pour cela.
Mais pourquoi avoir construit ce genre d'attractions? Je dirais que c'est pour exploiter les surfaces disponibles derrière les façades qui forment la zone représentant Berlin.
Maus au Chocolat (Alt Berlin-2011-ETF et Alterface)
Si vous êtes en quête de régime, fuyez cette attraction! Rien que la délicieuse odeur de gâteau qui y règne vous fera prendre deux kilos. Et moi, rien que d'y penser, j'en ai déjà pris un. Forcément cette bonne odeur attire aussi les souris et votre mission est donc de les zigouiller en leur envoyant du chocolat dans la figure grâce à des poches à douilles. Inutile d'appeler la SPA et des associations luttant contre le gaspillage alimentaire pour signaler de tels abus, les souris ne sont pas réelles, il s'agit simplement d'images projetées sur un écran même si elles apparaissent en 3D.
C'est l'occasion idéal pour vous expliquer comment il est possible de générer des images en 3D à partir d'un écran parfaitement plat.
En fait l'image projetée sur un écran est constituée de deux images décalées de quelques centimètres. Ce décalage correspond à l'écartement entre les deux yeux. Mais ce n'est pas la seule différence entre ces deux images. Elles sont polarisées. Ce qui veut dire que si vous avez la faculté de voir le champ électrique qui compose la lumière, déjà bravo pour ce don hors du commun et ensuite vous verriez comme un serpent qui ondule s'approche vers vous avec un certain angle d'inclinaison, toujours le même. Et je me rends compte qu'en parlant de souris et de serpents je risque de faire fuir pas mal de monde.
Comme chacune des deux images à sa propre polarisation, le rôle des lunettes 3D est de bloquer pour chaque œil l'image qui est destiné à l'œil d'à côté. Le cerveau mélange ensuite ces deux images, ce qui créé l'illusion de la 3D. C'est comme si chaque vitre des lunettes possédait une fente dont l'angle correspond à celui du serpent lumineux qu'on veut laisser passer. Un serpent ayant une inclinaison différente viendra lamentablement s'écraser sur les vitres. Du coup, cela suppose aussi que les lunettes restent parfaitement droites. Donc si on penche la tête les serpents ne peuvent plus passer par les fentes, le cerveau reçoit la même information des deux yeux et l'effet 3D disparaît, on voit à nouveaux deux images séparées.
Il existe des techniques pour conserver l'effet 3D quelque soit l'inclinaison de la tête ce qui est pratique pour pouvoir regarder un film en 3D en étant posé sur l'épaule de sa compagne ou de son compagnon. Mais vu le coût engendré par une telle technologie, ce n'est pas nécessaire pour dégommer les souris affamées.
Voila, le tour des attractions pas grands huit est fait, alors maintenant place aux grands huit et vous verrez, il y'a des trucs pas piqués des vers!
Crazy bats (Fantasy-1988-Vekoma)
Y'a pas trop à se creuser le citron, quand le grand huit est tout près d'un patelin, il faut le construire en intérieur. Mais ce n'est pas une raison pour faire un demi-grand huit. Au contraire celui-ci est pour quelques temps encore le plus long du monde dans sa catégorie, 1175m. De ce point de vue le grand huit impose le respect.
Mais pour le reste, force est de constater qu'il y'a eu des progrès depuis l'ouverture de ce grand huit en terme de sensations et de décorations puisque ce n'est presque de la spirale dans un hangar certes énorme mais en tôle ondulée et où seuls quelques spots font office de décoration lors du parcours. Et encore j'en suis pas sûr, je me demande si ce n'était pas les lumières des issues de secours et de certains capteurs.
Il y'a bien eu une tentative de mise à jour en 2019 avec l'ajout de casques de réalité virtuelle mais à cause de vous-savez qui, il a fallu revenir à l'expérience initiale.
Ce n'est qu'une hypothèse de ma part, mais je pense que ce grand huit sera la prochaine victime de la réorganisation de Phantasialand. Cette impression est confirmée par le fait que le parcours scénique en bateaux qui utilise le même bâtiment est fermé depuis quelques temps. Alors est-ce que ce sera une modification de l'attraction et surtout de l'aspect extérieur du bâtiment ou une démolition en règle? Je ne sais pas mais dans les deux cas, ce sera un projet extrêmement intéressant à suivre.
Colorado Adventure (Mexico-1996-Vekoma)
C'est un peu le même principe que Crazy Bats à savoir trois montées entrecoupées par pas mal de spirales made in Vekoma mais c'est déjà beaucoup plus stimulant. Déjà parce que c'est plus haut, plus long et plus rapide mais aussi parce que c'est infiniment mieux décoré. On commence à deviner dans ce grand huit, le savoir-faire de Phantasialand en terme de compacité mais aussi en terme de qualité de la décoration.
Le problème que l'on rencontre souvent à Phantasialand est qui se vérifie ici, c'est que quand on construit des attractions extrêmement compactes, il faut s'arracher les cheveux pour y poser une file d'attente et une sortie. Donc si vous souhaitez enchaîner les tours de ce grand huit, il faut à chaque fois retraverser le quartier Chinatown et s'engager dans une allée bien planquée.
Pour l'anecdote, ce grand huit a été sponsorisé par Mickael Jackson, le vrai, pas un sosie. Voilà voilà, c'était l'anecdote people du jour...
Winja's Fear & Force (Fantasy-2002-Maurer Söhne)
Vu que ces deux grands huit sont encore très près de Brühl, ils n'ont pas résisté à la mode du tout indoor. Sauf que contrairement à Crazy Bats, la façade est aménagée. Certes, ça manque un peu de volume mais il ne faut pas oublier que le bâtiment fait une quinzaine de mètres de haut et que ça doit être un calvaire à entretenir.
A l'intérieur de ce gigantesque bâtiment, c'est un festival de capteurs et d'actionneurs.
D'une part parce que les trains n'ont que quatre places. Donc pour avoir un débit important il faut mettre en place des blocs délimités par des zones de freins. Comme pour les chemins de fer, tant qu'un train n'a pas quitté un bloc, le suivant ne peut pas entrer dedans. Donc en augmentant le nombre de blocs, on peut augmenter le nombre de trains sur le parcours. Bien sûr ce principe n'a pas lieu d'être dans la gare.
Mais parce qu'on est à Phantasialand, les actionneurs et les capteurs n'agissent pas que sur les mouvements des trains mais aussi ceux des rails.
Comment diable se fait-ce? Sur les deux parcours, il y'a tout d'abord un rail "mou". Comme dans un moteur thermique un vilebrequin tourne et actionne une bielle. Celle-ci va faire descendre et remonter rapidement le rail jusqu'à sa position initiale. Est-ce que le principe est simple? Absolument. Est-ce que c'est fun? Oui, aussi
Ensuite, sur chaque parcours, il y'a une bascule qui vous envoie soit dans une petite descente, soit dans une courbe relevée.
Concernant les ascenseurs qui vous hissent tout en haut des parcours, le guidage des plateformes portant les trains est assuré par deux rails dont l'un s'écarte progressivement de l'axe du second quand on gagne en altitude. La plateforme s'incline donc progressivement jusqu'à atteindre l'angle de la première descente.
Un conseil pour profiter davantage des rotations libres des trains, essayez d'avoir le maximum de poids d'un seul côté, cela génère plus de force centrifuge.
Black Mamba (Deep in Africa-2006-Bolliger & Mabillard)
Cette fois-ci, c'est du sérieux. Avec Black Mamba, Phantasialand montre qu'il faut compter sur lui en matière d'intégration de grand huit puisqu'il est très difficile de deviner où passe les rails et la file d'attente tant il y'a de rochers, de bâtiments et de végétation. Le grand huit en lui-même n'était pas révolutionnaire à l'époque et il n'est pas très long mais wow! Avec ce serpent, Phantasialand a su prouver qu'il pouvait rivaliser avec des parcs comme Disney et Universal Studios qui ont beaucoup de budget et de sacrés équipes techniques derrière les attractions.
Intéressons-nous à la première inversion si vous voulez bien. Vous avez surement remarqué qu'elle n'est pas parfaitement circulaire et c'est le cas pour la majorité des grands huit à inversions modernes. La raison en est simple, si vous passez un looping circulaire à la moulinette des dérivées comme expliqué il y'a deux articles, cela donne des résultats pas jolis-jolis au niveau de l'accélération et du jerk puisqu'on aura une brusque accélération qui peut atteindre plus de six G. Ceci provoque un coup du lapin qui vous le savez n'est pas très agréable.
La solution est donc d'utiliser une courbe appelée clothoïde qui permet de faire la transition entre la section droite en entrée et sortie du looping et la partie circulaire du haut. En phase de montée, on aura donc une courbe de grand rayon, en haut une partie circulaire et en sortie à nouveau une courbe de grand rayon.
Figurez-vous que Werner Stengel, une légende dans le monde des grands huit, s'est inspiré de la forme des bretelles d'autoroute pour le design des loopings modernes. L'inspiration pour les grands huit est partout!
Taron (Mystery-2016-Intamin)
Si Black Mamba est déjà pas mal au niveau compacité, Taron est encore un cran au-dessus...non plutôt mille et bien sûr qui dit compacité dit aussi parcours tortueux. Ce grand huit présente donc un record de 116 croisements de rails, pratiquement un croisement tous les dix mètres. Mais ça ne suffisait pas, il a fallu aussi rajouter une tonne déco sous forme de rochers et de bâtiments moyenâgeux que le train frôle sans vergogne. Vous voyez le truc venir?
Et ben oui, ça n'a pas loupé. Lors des premiers essais avec un gabarit simulant la forme du train et des passagers, on s'est rendu compte que ça frottait à un endroit, un petit coup de meule, un peu de peinture et problème réglé.
Alors oui le grand huit est complètement fou mais il y'a quand même un gros bémol, incompréhensible de la part de Phatasialand. Bordel, pourquoi la file d'attente se fait en partie sur une dalle pavée sans aucune décoration si ce n'est un mur végétal qui jure complètement avec le reste de la zone?
Allez on essaye d'oublier tout ça et on profite du spectacle qu'offre ce grand huit. Ca vaut tous les commentaires écrits du monde
Raik (Mystery-2016-Vekoma)
Quelle mouche a piqué Phantasialand pour juger qu'il y'avait encore trop de place disponible sous l'ascenseur de River Quest et sous les rails de Taron et qu'il fallait impérativement y placer un grand huit. Il est vrai que Phantasialand a un peu triché car le circuit est ouvert et du coup on le parcourt en avant et en arrière ce qui permet de doubler la longueur du tour.
Pour info, si vous avez du mal à distinguer Taron de Raik, et c'est parfaitement compréhensible, Taron c'est les rails avec structure en treillis et Raik c'est les rails à colonne vertébrale. Niveau rigidité, les deux designs se valent . D'ailleurs Intamin propose des grands huit avec les deux types de design.
F.L.Y. (Alt Berlin-2020-Vekoma)
Quand j'ai découvert cette attraction pour la première fois en vrai, j'ai compris ce que l'expression "à couper le souffle" signifiait. Certes c'est une pratique courante dans les parcs d'avoir un passage assez bas pour donner l'illusion que le zone qui suit est immense mais il y'avait tant de décoration, de rails un peu partout que j'avais du mal à respirer.
La décoration est exceptionnelle, le grand huit l'est tout autant. Il s'agit d'un grand huit en position couché avec deux catapultes, ce qui est une première pour ce type de grand huit. Il n'est pas forcément très intense car de toute façon, la position particulière des passagers ne permet pas de grosses accélérations mais c'est une sensation extraordinaire de voler entre les bâtiments et au-dessus des allées. Je ne vois d'ailleurs pas par quels autres moyens on pourrait avoir ce genre de sensations.
Parce qu'un grand huit en position couchée noyé sous une tonne de déco ce n'est pas encore assez pour Phantasialand, il a encore fallu qu'il coince un hôtel, un vrai pas comme Hotel Tartuff, entre les rails du grand huit. Pour être honnête, je ne l'ai pas testé parce que ça me tentait pas trop d'avoir une chambre où l'on peut toucher les deux murs opposés en tendant les deux mains parce que pour cet hôtel aussi, l'espace disponible est optimisé. J'ai préféré passer mon séjour à l'hôtel Ling Bao, qui en plus d'avoir des chambres spacieuses, a une piscine, ce qui est assez pratique pour soigner ses articulations après une longue journée de marche.
Forcément, en casant un grand huit, un restaurant, une boutique et un hôtel dans un si petit espace, il ne reste plus beaucoup d'espace pour caser la file d'attente et la gare. Donc pour la file d'attente, elle passe tant bien que mal là où il y'a de l'espace, en corniche sur les murs délimitant la zone, sous et à côté du grand huit. Alors c'est sympa pour faire des photos au plus près de la bête mas avec tous ces escaliers, ça peut être difficile surtout si comme moi, vous vous remettez d'une tendinite d'Achille.
Pour la gare inutile de la chercher sur les photos, elle est intégralement en souterrain.
F.L.Y. c'est aussi pas mal de technique. D'abord avant d'embarquer, les passagers se voient remettre un bracelet avec une puce RFID. Il permet de verrouiller un casier où ranger ses affaires avant le grand départ. Si le grand huit vous a complètement retourné le cerveau, là aussi c'est parfaitement compréhensible, et que vous avez oublié votre numéro de casier, ne paniquez pas il suffit de passer le bracelet devant un lecteur pour savoir à quel casier il est lié.
Il faut passer des portiques de sécurité un peu comme ceux qu'on trouve dans les aéroports. Cela semble donc être une constante avant de pouvoir voler sauf que dans le cas de F.L.Y., c'est pour éviter que des objets ne tombent des poches, sur de malheureux visiteurs qui auraient pu se trouver juste en-dessous. C'est la condition sine qua non pour ne pas avoir de filets de protection entre les allées et les rails. Ceci explique pourquoi il est quasi impossible de trouver des vidéos filmées à bord des trains parce que c'est formellement interdit.
L'embarquement se fait de manière assez inédite puisque le rail se situe à la verticale et face à vous. Et c'est une excellent idée de la part de Vekoma parce que quand on le compare aux autres modèles de grands huit couchés existants, cette disposition permet de gagner beaucoup de temps lors de la vérification des harnais.
En effet, sur les modèles de chez Bolliger et Mabillard, le chargement se fait comme sur un grand huit inversé et les sièges viennent ensuite pivoter directement sous le rail. Sur les anciens modèles Vekoma, le chargement se fait comme sur un grand huit classique, sauf que les sièges sont dos à la première montée et se plaquent ensuite sur le rail. Zamperla fait aussi des grands huit couchés mais je n'en parle pas parce que de toute façon c'est de la mairde!
Contrairement aux autres modèles, les sièges sont donc tous en ligne et donc ça permet une vérification des harnais à la chaîne.
Les harnais justement, vu la configuration du grand huit, ils sont un peu différents de qui se fait d'habitude. En position couché, c'est le harnais qui vous empêche de chuter du grand huit et je reconnais que même avec mon expérience des grands huit, j'ai eu un petit coup de flippe quand j'ai réalisé ça en plein milieu du parcours.
Pour ne pas trop se cogner sur le harnais, il est composé d'une partie souple qui épouse la forme de votre corps et qui donc l'empêche de trop bouger. Cette partie souple est doublée par une partie rigide qui inclut les poignées et le dispositif de verrouillage.
Chose remarquable, le système de verrouillage se situe à l'avant alors que très souvent il est derrière le dos. Ce positionnement est bien adapté aux grand huit couchés car comme c'est le harnais qui supporte la majorité du poids, rapprocher le système de verrouillage de l'endroit où s'applique le poids permet de moins le solliciter. En effet avec un système de verrouillage situé dans le dos, il y'aurait un énorme bras de levier sur celui-ci.
Placer le système de verrouillage à l'avant permet aussi de libérer énormément de place pour caser un mécanisme de rotation des sièges permettant de passer d'une position verticale en gare à une position couchée avant le premier catapultage. Alors je ne sais hélas pas comment est conçu ce mécanisme. Tout ce que je peux dire c'est qu'il est doux comme une peau de bébé. En plus grâce à la transition entre rails verticaux et horizontaux, le passage à la position couchée se fait le plus naturellement possible.
Autre point positif, sur le parcours, ce système est parfaitement bloqué et n'implique aucun mouvement parasite.
Bref tout ça pour dire que le grand huit est sacrément bien conçu. J'avais un peu peur du résultat quand j'ai appris que Vekoma était aux manettes pour la conception de ce grand huit mais on a là une bestiole très fluide et qui ne manque pas d'innovations. Je le pressentais un peu avec Hals-über-Kopf à Tripsdrill, Vekoma a parfaitement négocié sa révolution technologique et je ne doute pas que l'entreprise revienne rapidement sur le devant de la scène avec cette fois-ci des grands huit de qualité.
Il est temps de conclure. On l'a vu Phantasialand a su faire de sa faiblesse une force pour nous pondre des attractions complétement barrées et ceci quelque soit le type d'attractions: Tour de chute libre, descente en bouées, descente en bûches, attractions de fêtes foraines et bien sûr grand huit. Ils manquent peut-être un parcours scénique à la sauce Phantasialand parce que OK Rattouille...euh pardon Maus au chocolat c'est rigolo mais ce n'est pas aussi ambitieux que le reste du parc. Il faudrait qu'ils construisent quelque chose du niveau de Disney ou d'Universal comme ils ont su si bien le faire pour les grands huit. Je serais limite déçu si la prochaine attraction était un nouveau grand huit parce que je crois qu'avec F.L.Y. on a atteint un niveau difficile à dépasser et que Taron et F.L.Y. présentent déjà des concepts assez similaires.